Nous autres, les autres
Cinéma du Québec
En collaboration avec Hydro-Québec
Prix de la meilleure oeuvre canadienne – Festival international du film sur l’art (FIFA) 2016
Peut-on lire une société à travers ses créations théâtrales?
Nous autres, les autres offre une immersion dans l’univers de quatre auteurs-acteurs-metteurs en scène et d’un comédien dont les œuvres disent l’urgence et la nécessité d’un autre regard sur la collectivité. La vie de Sasha Samar, comédien funambule venu d’Ukraine, est devenue une odyssée théâtrale qui l’a mené jusqu’à Montréal. La pièce Moi, dans les ruines rouges du siècle est née d’une rencontre improbable entre le personnage et l’auteur, Olivier Kemeid, un dramaturge déjà habité par le thème de l’exil. Le parcours de Mani Soleymanlou commence en Iran, passe par Paris, puis Toronto et Montréal, où Mani se fixe pour apprendre le théâtre avant de le réinventer à sa manière. Dans Un, il relate son itinéraire personnel de migrant. Par la suite, il monte Deux, véritable confrontation identitaire entre deux amis, avant de réunir quarante-trois comédiens pour Trois, où le questionnement multiplie les points de vue sur le Québec d’aujourd’hui. Emmanuel Schwartz est auteur, danseur, comédien caméléon montréalais, né d’un couple américano-québécois. D’abord compagnon de route de Wajdi Mouawad, il devient coauteur de Deux puis membre du collectif d’écriture de Trois. Il se définit par sa double identité culturelle qu’il explore et met en scène. Olivier Choinière dirige L’Activité Répétitive Grandement Grandement Libératrice (L’ARGGL) dont chaque spectacle comme Polyglotte, sa dernière création, est autant un questionnement sur la représentation théâtrale qu’un regard sur la collectivité.
Ils vivent tous à Montréal. Une ville bilingue et biscornue, vaguement inquiète de son identité. Une ville qui se retrouve à la croisée des chemins entre tradition et modernité. Nous autres, les autres est un essai cinématographique où les identités ne se définissent plus par des positions, mais par des parcours. C’est aussi le troisième volet d’une trilogie, Un miroir sur la scène qui relate cinquante ans de l’histoire du Québec à travers son théâtre de création.
MOT DU RÉALISATEUR
Toute l’histoire du Québec est hantée par un thème fondateur qui, de simple questionnement, est devenu au fil des régimes successifs, une véritable quête identitaire. On en retrouve les traces dans plusieurs œuvres incontournables qui témoignent de l’évolution d’une réflexion toujours renouvelée. Aujourd’hui, à l’heure des migrations modernes, cette quête ressurgit, transfigurée par une forme théâtrale contemporaine et un contexte social inédit. Soudainement, on inverse les rôles. On change la perspective et l’angle d’éclairage. Le regard se déplace du centre de la scène vers la périphérie. C’est de là qu’ils apparaissent. Auteurs, metteurs en scène, comédiens, tous citoyens anonymes s’avançant vers la lumière pour raconter leur part du monde et en dire, avec lucidité, l’évidence. Eux, ce sont les autres. Ceux qui ont traversé les chemins, balisés ou improvisés, pour venir vivre ici et dire une autre histoire, une histoire autre. Une histoire des autres. C’est une prise de parole lancée vers le public comme une prise de conscience pour dire les convulsions d’une époque où l’identité n’est plus singulière, mais plurielle et fragmentée, à l’image d’un monde en mutation et d’une culture de plus en plus métissée.
Voir la bande annonceJean-Claude Coulbois
Né à Paris, Jean-Claude Coulbois vit et travaille au Québec depuis 1968.
Après des études en cinéma et communications à l’UQAM,(1969-72), il s‘investit dans l’apprentissage du montage qu’il identifie comme l’étape déterminante où le film s’écrit en même temps qu’il trouve sa forme finale.
Alternant le montage (HIGELIN de Pierre Barouh, LETTRE À MON PÈRE, CAP TOURMENTE de Michel Langlois) et la réalisation, il entreprend à partir de 1995 une série de films questionnant diverses facettes de l’identité québécoise à travers les liens qui unissent le théâtre de création et l’évolution de la société.
Au fil des ans, cette production explore différentes formes de cinéma direct : du court-métrage JOYEUX NOËL, JULIE (1997) à partir d’un texte d’Yvan Bienvenue au long-métrage documentaire UN MIROIR SUR LA SCÈNE (1997), regard rétrospectif en deux volets sur l’émergence théâtrale au Québec des années 60 jusqu’au tournant du siècle.
Par la suite, il parcourt LE TERRITOIRE DU COMÉDIEN (1999) avec le comédien Jean-Louis Millette avant de suivre le cheminement créatif vécu par un groupe d’acteurs durant les répétitions de Messe solennelle pour une pleine lune d’été, un texte de Michel Tremblay mis en scène par André Brassard, à travers une chronique documentaire, LA NAISSANCE D’UNE MESSE (2002).
La même année, il adapte pour la télévision un texte rare de Françoise Loranger, LA DAME DE CENT ANS, où il dirige Huguette Oligny et Catherine Allard.
Parallèlement, il suit dès 1995 la démarche artistique et intellectuelle de René-Daniel Dubois, comédien, metteur en scène, dramaturge, traducteur et polémiste québécois dans ce qui deviendra UN SUR MILLE (2005), où il relate le singulier parcours d’un homme aux divers talents qu’il exerce avec la même acuité tant dans la création que dans la recherche sur les fondements et la pratique de la culture, de l’histoire et de la politique au Québec.
« Je suis parti avec des questions d’artiste pour me retrouver avec des questions de citoyen. » Ces mots de René-Daniel Dubois pourrait résumer l’ensemble de ses films traitant de l’identité, de la culture et de la mémoire au Québec avec l’intuition qu‘aujourd’hui, ici comme ailleurs, les identités ne se définissent plus par des positions mais par des parcours.
En 2007, il sort le coffret livre-dvdUN SUR MILLE – Dits et Inédits . La même année, il présente UN SOIR, LES ALBERTINE…, un film de 26 minutes tourné avec la complicité de quelques-unes des meilleures comédiennes du Québec réunies par Martine Beaulne.
En 2012, il signe un documentaire (commencé en 1996) sur Robert Gravel : MORT SUBITE D’UN HOMME-THÉÂTRE.
En 2013, il préface la publication de THÉRÈSE, TOM ET SIMON… , la dernière œuvre de Robert Gravel dont il fait l’adaptation cinématographique. Parallèlement, il réalise NOUS AUTRES, LES AUTRES, troisième volet de la trilogie UN MIROIR SUR LA SCÈNE.