La critique de film, si souvent décriée, est comme un dialogue virtuel entre le réalisateur et le critique. Une discussion qui dépasse le superficiel, une étude qui scrute les détails, qui va au-delà des apparences, qui déconstruit et analyse. Un film ce n’est pas simplement un récit, c’est une construction réfléchie (ou pas dans certains cas). Mais parmi les spectateurs, une grand partie ne voit pas au-delà ; c’est sans doute pour cette raison que la présence d’un critique est nécessaire, voire même essentielle, pour pouvoir analyser le film en profondeur. Même si cela bouscule certains réalisateurs d’avoir une mauvaise tribune, beaucoup se sentiront flattés que l’on ait pris la peine de décortiquer leur travail, après tout c’est une forme de reconnaissance que de révéler le processus créatif derrière tout cela.
Élie Castiel, rédacteur en chef de la revue Séquences, me raconte son métier et me parle des films qui ont défilé sous ses yeux et des pages qu’il a noircis de mots « accessibles, mais pas simplistes… des phrases élégantes pour expliquer le cinéma.»
Séquences y a toujours cru car il est possible d’enseigner aux gens la façon de regarder un film. Quand on parle de cette revue, on parle toujours de ses origines un tant soit peu moraliste de ses débuts, mais nombreux sont ceux qui minimisent sa mission éducative. Les études de cinéma ne sont plus réservées à une élite hautement intellectuelle. Séquences, en quelque sorte, offre les outils pour compléter sa culture cinématographique.
Cette publication s’est entourée d’universitaires et de spécialistes de diverses disciplines pour apporter une nouvelle vision du cinéma, à contre-courant de ce qui est généralement dit ou établi. Des voix multiples partagent leurs connaissances en matière de cinéma et d’autres disciplines connexes en considérant le cinéma comme art non pas comme industrie.
Parmi les personnes qui liront cet article, certains ne connaîtront Séquence que de nom et d’autres n’ont auront jamais entendu parler. C’est bien dommage. Il y a un prix pour la qualité et il y a un prix pour rester indépendant. Publication bimestrielle contrairement à ses concurrents, Élie Castiel m’affirme que c’est là un bon moyen de prendre le temps d’écrire. Les auteurs ne courent pas après la sortie d’un film, on n’écrit qu’avec le cœur et sur les sujets qui inspirent.
J’admire les fortes têtes qui se cachent derrière ces pages et qui ont compris que le cinéma ce n’est pas juste une affaire de paillettes. Ils font table rase des conventions de cette industrie et se lancent dans des réflexions sans être pompeux, mais plutôt accessibles sans pour autant tomber dans la simplicité.
Cela fait 60 ans que ça dure. Entretemps, la concurrence est présence mais n’empêche pas les trois revues de continuer leur bon travail. La société évolue, les habitudes de consommation de films aussi, Internet et ses blogueurs foisonnent mais la Revue Séquences tient tête par amour du cinéma et du partage.
De la part du FCMS, bonne fête à Séquences !
STÉPHANIE RATOVONARIVO