La Turquie, à l’intersection des cultures européennes, africaines du nord, moyennes-orientales et asiatiques, n’aura pas fini de m’étonner ! J’ai eu la chance d’écouter deux films sur les trois que je désirais connaître.
Le premier, Mucize, m’a impressionné par ses images sublimes, ses messages d’amour variés et la volonté humaine. Le film vous avertit au début que c’est basé sur une histoire vraie. Vous ne savez pas laquelle sauf à la fin. En effet, c’est celle d’un homme handicapé qui a réussi à se marier, malgré les traditions ancestrales d’alors. Le dénouement du film nous fait comprendre que sa femme a réussi à l’accepter et à lui donner deux enfants. Simplement cette histoire aurait fait tout un film en elle-même. Question de bien servir le cinéphile, il y a également la trame initiale d’un professeur qui se cherche une école. L’administration l’envoie dans un village éloigné dans l’est de la Turquie. C’est là qu’il découvre une communauté forte et isolée. Surpris à son arrivée de comprendre qu’il n’y a pas d’école, il décide alors de faire son possible pour en construire une. S’enclenche une série de liens entre différents personnages qui nous fait découvrir l’amour sous différentes facettes. L’une de mes phrases préférées du film est lorsqu’on décrit le professeur comme ayant un cœur pourvu d’yeux avec lesquels il faut découvrir les autres. Le professeur prend l’homme handicapé sous son aile et l’aide à apprendre à parler et à écrire. Parmi les images sublimes, il y a bien entendu le décor montagneux de ce village isolé, qui existe vraiment et dont l’acteur Ali Sürmeli, venu nous rencontrer en personne à la fin de la projection, nous a expliqué que ça faisait partie des défis du tournage de quelques mois, puisqu’il était vraiment isolé. Il y a également les vêtements traditionnels, portés à profusion lors des cérémonies de mariage. Enfin, les scènes intérieures sont également très belles, rien n’est laissé au hasard. On apprend à aimer la sonorité de la langue et la musique, avec des tonalités orientales, nous berce.
Le second, Snow Pirates, est rempli de contrastes. On découvre la vie très difficile qu’a vécue le peuple turc après le putsch militaire de 1980. C’est au travers des yeux des enfants que nous vivons la rudesse de l’hiver, particulièrement difficile car il manque de tout. Il y a une grande rareté de charbon, matière essentielle au chauffage, que ces enfants recherchent partout. En fait, le rationnement ne suffit pas. Le contraste se vit à l’intérieur des maisons, de l’école et à l’extérieur. Pour l’extérieur, c’est le charbon, si noir, si sale, si essentiel, qui s’étend sur la neige, si blanche, si pure, si froide. Pour l’intérieur, ce sont les liens entre l’enfant qui devient adolescent et le monde des adultes, rendu difficile.
Le troisième film, Sommeil d’hiver, que je n’ai pas pu voir car la salle était comble. Pourtant, c’était un long métrage de 3 heures 26 minutes ! Je crois que les sherbrookois ont compris que la Turquie a quelque chose d’unique à nous apporter, une longue histoire remplie de diversité.
Moi, j’en veux plus l’an prochain, à la 3e édition du FCMS !
PIERRE MARTIN TARDIF