Les films pour enfants! 90 minutes bien calculées, des punchs, des rires, des larmes – le tout bien dosé – boîtes à lunch, autocollants, pyjamas et jujubes à l’effigie des héros en prime, et ce, en vente partout.
On a beau trouver la recette redondante, les films pour enfants des grands studios américains sont des chefs-d’œuvre qui divertissent et épatent par leurs prouesses techniques. Ils ont sans aucun doute contribué à forger notre sensibilité face à un certain type de narration, un rythme particulier, un humour standardisé, des personnalités de personnages que l’on retrouve film après film. On va au cinéma avec cette assurance que l’on trouvera facilement nos repères et que l’on passera un bon moment.
Je suis toujours fasciné par la récurrence de certains personnages stéréotypés associés à un pays particulier. Ainsi, c’est sans surprise que l’on retrouve presque à chaque film le «Chinois» avec ses couteaux et son chapeau pointu, le type «latin» qui chante la pomme à sa «belle», l’«Allemand» en scientifique fou, le «Russe» en brute sans émotion, l’«Arabe» en fakir, etc. On peut légitimement se demander si cette insistance ne structure pas nos propres catégories de pensée et si celles-ci ne risquent pas de nous suivre longtemps une fois adulte.
Étant parent de trois enfants, j’ai réalisé bien vite que la chasse aux stéréotypes est une mission impossible, voire vaine. Pour les éviter, il faudrait enfermer nos enfants dans des boîtes, d’autant plus que l’on est nous-mêmes, en tant que parents, toujours susceptibles de colporter ce genre de raccourcis. Comme la force du stéréotype tient dans sa répétition, la solution tient peut-être non pas dans la censure de ces films hollywoodiens, mais dans les multiples propositions cinématographiques qui seront faites à l’enfant. Des films qui parlent de l’ailleurs, oui, mais aussi des films venant d’ailleurs qui viennent nous parler. En s’adressant au jeune cinéphile, le film du monde entame un dialogue entre ici et là-bas qui ouvre des portes et soulève des questionnements. C’est tout le contraire du stéréotype, qui à travers sa récurrence, referme le monde sur lui-même.
C’est précisément là où le Festival Cinéma du monde de Sherbrooke a choisi de se placer. Pour sa première édition, le FCMS dédie aux enfants une partie de sa programmation du samedi. En tout, six films provenant de l’Europe seront présentés, dont deux d’entre eux, «Couleur de peau : miel» et le «Cheval de Saint Nicolas», sont aussi en dialogue avec l’Asie. Une occasion rare de s’ouvrir sur la diversité de l’enfance à travers le monde, un thème qui nous en apprend beaucoup sur les sociétés.
Les œuvres sélectionnées pour le festival sont ainsi l’occasion d’entrer en dialogue avec le monde. Les enfants y trouveront une porte ouverte vers une manière différente de raconter la vie, avec des enfants qui, comme eux, se questionnent sur celle-ci. Le parent en moi trouve que l’occasion est trop belle pour ne pas en profiter. Aller au cinéma comme on part en voyage : sans savoir tout à fait ce que l’on va découvrir.
Bon cinéma en famille!
Mathieu Poulin-Lamarre